Idriss Aberkane est un docteur multiple qui a réalisé la majorité de ses recherches sur ce qu’il nomme la neuroergonomie et tout ce qui s’en approche. Humaniste et partisan du développement de l’individu afin de rendre la société meilleure, pour lui, notre avenir (écologique et social) passe par l’épanouissement de l’individu et l’exploitation du plein potentiel de notre cerveau. Je ne vais pas résumer cet ouvrage car l’arborescence de sa structure rend cela difficile et peu agréable à lire, mais je vais en présenter quelques idées fondatrices.
Notre système éducatif est obsolète :
A l’heure actuelle, nombreux sont les détracteurs de l’école de manière générale, que ce soit les bambins dans les écoles maternelles et primaires, les adolescents au collège et au lycée ou encore les jeunes adultes en formation post bac, nous trouvons que les choses pourraient-être meilleures pour tous ces groupes. Dans son livre, I. Aberkane justifie cette attaque de manière relativement élaborée.
Selon lui, ce que nous apprend le système éducatif n’est qu’une partie d’un tout qu’est la vie. Or, c’est la vie qui a fait de l’humanité ce qu’elle est aujourd’hui, il est donc stupide de vouloir forcer les enfants à plier leur esprit à ce système, à faire « rentre leur cerveau dans la boîte de l’école », puisque ce système est inclus dans un ensemble bien plus vaste.
De plus, des milliers d’années d’évolution nous ont conduits à apprendre de multiples façons : à la chasse, la cueillette, au coin du feu, lors de confection d’outils. Par conséquent, nous sommes naturellement inadaptés à rester sur une chaise toute la journée pour apprendre.
L’argumentation d’Aberkane est bien entendu beaucoup plus longue et bien enchaînée, mais un des arguments principaux qu’il met en avant est celui de l’amusement. En effet, deux choses devraient nous pousser à mettre l’amusement au cœur de l’éducatif :
-le cerveau fonctionne beaucoup mieux lorsqu’il s’amuse (l’apprentissage est meilleur et l’attention est au rendez-vous). En effet, notre cerveau fonctionne très mal lorsqu’il est contraint. D’ailleurs, il ne parvient à réaliser une tâche qu’il lui déplaît que lorsqu’il n’a pas d’alternative. Dans notre cas, le cerveau est forcé par la sentence des notes.
-l’apprentissage par l’amusement existe dans de nombreuses espèces (chat, chien, dauphin etc). Donc si cette méthode d’apprentissage a été sélectionnée par la nature, c’est qu’elle est hautement efficace. En effet, si cette méthode n’était pas performante pour apprendre, la sentence serait, non pas une mauvaise note, mais la mort. Ainsi, pour l’auteur, il faut tirer un enseignement de cela.
Le conformisme tue l’épanouissement et l’innovation :
Une des idées d’Aberkane est que notre système éducatif s’est adapté à un monde industrialisé, normé, normalisé. Ainsi, il est logique que ce système crée des individus obéissant à cette norme. Or, l’innovation, la créativité, viennent justement du hors norme, car est créatif ce qui n’existait pas avant.
Par le biais de cette idée, l’auteur fait le lien avec la notion de détachement de ses pairs, en particulier dans le domaine des sciences.
La pratique délibérée :
Ce qu’Aberkane appelle la pratique délibérée est le fait de pratiquer une activité avec pour seule motivation l’activité elle-même. Cela signifie ne pas être motivé pas l’argent, la notoriété ou le regarde des autres. Selon lui, les grands noms qui marquèrent l’histoire (Léonard de Vinci, Newton, Coppernic etc) qui s’opposèrent à un modèle scientifique connu (exemple : le modèle heliocentrique de l’univers) l’ont justement fait car ils se moquaient du regard de leurs pairs. C’est cette condition qui permet de surpasser les difficultés, personnelles et sociales, et d’amener une véritable révolution dans un domaine. Parmi nos contemporains, l’exemple de ElonMusk en est la parfaite représentation. Or, selon Aberkane, notre société de manière générale tend à combattre ce type de comportement. En effet, de par de multiples aspects, notre ensemble social pousse au conformisme.
Ainsi, pour être très performant dans son domaine, il faut trouver quelque chose qui nous plaise intrinsèquement afin d’être en mesure d’appliquer cette pratique délibérée. Et c’est d’elle que viendront les révolutions qui nous permettront de créer une société de personnes épanouies, et qui sauveront notre planète.
La libération du cerveau :
Pour être honnête, cet ouvrage n’est absolument pas un « 1001 exercices pour devenir un génie ». Il s’agit davantage d’un livre de prise de conscience. Cependant, l’auteur donne des explications très abordables de la manière dont notre esprit fonctionne. Entre autres, il réalise une analogie entre une valise et une idée. Pour le corps, une valise n’est facile à saisir que parce qu’elle a une poignée qui s’adapte à l’empan (distance pouce-petit doigt) de la main. De la même manière, pour saisir des idées, des concepts, il faut que nous soyons capable de créer un empan pour notre cerveau. Par exemple, notre mémoire est très performante pour les lieux. C’est pour cela que l’on utilise le fameux palais mental, rendu célèbre par la série Sherlock Holmes. Dans l’exemple de ce palais mental, on utilise l’association que le cerveau peut faire entre un endroit de notre appartement et une information abstraite, comme un numéro de téléphone.
Voilà un petit aperçu des thématiques développées par Aberkane dans son livre. Je vais tout de même donner mon opinion générale sur l’ouvrage.
Avis sur le livre :
Ce livre a clairement une facette destinée au développement personnel. Ajouté à cela le fait qu’il est écrit par un spécialiste de l’esprit et du cerveau, et vous obtenez un ouvrage qui pue le positivisme (« potentiel gigantesque », « esprit humain merveilleux » etc etc vous voyez l’idée). Je ne suis pas un partisan de cela car pour moi, même si peut-être ça met du baume au coeur du lecteur, cela reste une vaste supercherie de dire à tout à chacun que sous prétexte qu’il a l’organe de l’intelligence, il fera de grandes choses. (j’en ai parlé ici). Mais bien entendu, il ne s’agit là que de mon opinion.
De manière générale, cet ouvrage permet de suivre un raisonnement bien mené sur notre société et comment nous limitons le plein usage de notre esprit. L’auteur critique certains aspects de notre vie, mais tente d’y apporter des solutions, ce qui est appréciable.
Plus qu’un ouvrage d’astuces sur l’usage de notre esprit, ce livre est surtout une leçon de choses. Leçon très intéressante d’ailleurs : l’ouvrage regorge d’exemple passionnants. L’auteur parle notamment d’un homme qui, dans la trentaine, est devenu champion du monde de mémorisation à la suite de l’Alzheimer que développa sa mère. Ainsi, Aberkane nous montre comment motivation et pratique délibérée mènent à de grandes choses. Nous avons donc affaire dans ce livre à une grande présentation d’exemples et d’illustrations du potentiel et des mécanismes de notre cerveau. En outre, son explication sur l’attention et le temps que l’on consacre à une activité (travailler, apprendre, regarder une vidéo youtube etc) est très intéressante. Il nous fait véritablement prendre conscience que beaucoup de choses ont un prix, pas nécessairement financier, mais plutôt temporel : en regardant la dernière vidéo de e-penser ou Cyprien, je sacrifie 20 minutes de ma vie, tout comme lorsque je passe une heure avec des gens que je n’apprécie pas. Bref, ce livre fait réfléchir, et c’est ma foi quelque chose de très bien.
Je recommande ce livre à tous. Bien que certains passages soient des fois un peu délicats, il reste dans l’ensemble très abordable. A mon avis, cet ouvrage est excellent pour les adolescents car il leur montre l’intérêt du travail à l’école et de l’apprentissage, au-delà de tout ce qu’on pourrait critiquer dans notre système éducatif. En outre, cet ouvrage fourmille d’idées concernant la manière d’améliorer son apprentissage des langues, ou de certaines notions du quotidien bonnes à maîtriser.
Pour finir, j’ai pris beaucoup de plaisir à lire cet ouvrage, et je dois avouer qu’il donne l’envie de discuter avec l’auteur des idées qu’il y développe.
Si le livre vous intéresse, je vous glisse un lien juste en-dessous.
Bonne lecture,
H