Gilets jaunes et raisonnements (politiques/sociologiques)

Hello tout le monde,

Dans l’article du jour, nous allons passer en revue quelques méthodes afin de nous assurer que lorsque nous défendons notre opinion (affreusement subjective et soumise à bien plus d’affecte que de raisons logiques) nous le faisons rationnellement et dans les règles de l’art.
Ayant l’immense (mal)chance d’être environnée d’amis (relous) voulant à tout prix faire montre de la spéciosité de leurs penchants politiques, j’ai souvent l’occasion de me frotter à ce merveilleux sport de combat qu’est la confrontation des arguments.
Histoire de préciser un peu ma position : je suis apolitique. Vu que c’est mon blog, je vais vous raconter un peu ma vie en expliquant pourquoi :
A mon sens, la politique est sans doute un des domaines les plus complexes du monde. En effet, elle repose sur la sociologie, l’économie, la géographie, la psychologie individuelle et collective, la biologique humaine (et oui : si on n’avait pas besoin de manger et que l’on prenait juste le soleil comme les plantes, il est pratiquement certain que les zones d’intérêt de notre monde seraient différentes). Or, il s’avère que je suis très ignorant dans nombre de ces domaines, ainsi, les bases de la politique m’échappent. Or, avoir un penchant politique sous-entendrait (dans mon esprit) que j’attribue une valeur de vérité/de « bonne morale » à ce penchant, et je n’ai pas les connaissances pour cela. En outre, mon apolitisme vient de deux choses qui m’insupportent grandement dans la confrontation politique :

  1. Le fait que les opposants ne s’écoutent pas mais cherchent juste à « gagner », négligeant toute raison et ne poursuivant que la victoire de l’ego (par le biais de la victoire du bord qu’ils défendent).
  2. L’hypocrisie de la plupart des personnes prétendant agir pour la communauté alors qu’en premier lieu, leur choix politique repose sur leurs intérêts personnels. (au final, rien que l’arrivée au pouvoir est un paradoxe : elle sélectionne ceux se battant pour obtenir du pouvoir, mais nécessite théoriquement quelqu’un doué pour l’exercer, pas forcément l’obtenir)

Bref, dans cet article, je vais énumérer certaines choses qu’il est bon, à mon sens, de connaître si vous voulez ne pas être le pire débatteur de la création (et aussi si vous voulez jeter à terre l’opposant qui osera vous provoquer dans un duel d’arguments bien sentis).

 

Comment bien argumenter :

 

Ne JAMAIS laisser ses émotions prendre le dessus :

Ce n’est pas compliqué : le premier qui craque perd, et ce pour une raison simple : lorsque vous êtes dans une réaction émotionnelle, c’est que votre système limbique (la partie du cerveau générant les émotions en gros) prend le dessus, coupant les pattes de votre pauvre cortex préfrontal qui n’est alors plus aux commandes. Or, devinez qui est capable de raisonner convenablement? Mister cortex préfrontal.

Quelques exemples de dérapages du type :

(En lectrices et lecteurs averti(e)s, vous remarquerez que j’ai montré des personnalités qui ne remportent pas l’unanimité en ce moment, donc je vous prédispose à adhérer à mon point de vue car pour vous les dites personnes correspondent au point de vue opposé : la perte de contrôle^^ Retenez bien cela car j’en parlerai un peu plus loin).

 

Ne pas utiliser comme règle un élément (isolé) de sa propre vie :

Sans doute une des tactiques les plus utilisées pour mettre en défaut un argument adverse : le contre-exemple tout pourri du « MAIS MOI JE CONNAIS QUELQU’UN QUI ». Oui…on connaît tous des gens qui ont….Prenons un exemple concret : j’annonce qu’une famille composée de deux parents qui travaillent avec deux enfants à charge s’en sort financièrement en général. Si mon opposant me dit « ben non parce que moi je connais une famille comme ça et ils sont à la rue alors que les parents travaillent », ce n’est pas recevable comme argumentation, mais pourquoi? De façon tacite (ici explicite car j’ai employé le « généralement » signifiant « la majorité des familles ») ma phrase ne signifie pas que TOUTES les familles répondant à cette composition s’en sortiront, mais que la majorité d’entre elles oui. Aussi, en admettant que mon opposant connaisse une famille qui ne s’en sort pas, il prouve l’existence de ce type de famille (ce qui était accepté dès le départ puisque j’avais dit « généralement »). Et c’est là la racine du problème : souvent en politique, lorsque l’on s’intéresse à un groupe, on doit savoir quels sont les critères partagés par le plus nombre au sein du groupe (ex : parmi le groupe « femmes », est-ce que celles victimes de viol représentent 99% du groupe, 50%, 25%, 1%, 0.001%? Est-ce que parmi les chômeurs, 90% sont à la rue, 25%, 1%? Est-ce que parmi les gilets jaunes, 100% ne parviennent pas à manger à leur faim, 90%, 25%, 1%?). Pourquoi s’intéresser à ce type de catégories? Et bien pour justement prendre une décision politique qui aide le plus grand nombre. Bien entendu, s’il est possible d’aider tout le monde, la question ne se pose pas réellement. Or la plupart du temps, on ne peut pas prendre en compte le cas de chacun, aussi, on doit voir ce qui en aidera le plus grand nombre. Si vous prenez une mesure (augmenter par exemple de 300 euros le smic), vous n’aiderez sans doute pas de manière efficace le gilet jaune handicapé moteur qui ne peut plus travailler, mais vous en aiderez une majorité. Aussi, l’argument « ouais mais moi j’ai un voisin en fauteuil roulant » ne sera pas très intéressant dans un questionnement sur la manière d’aider une majorité de personnes (mon exemple peut prêter à rire : je pense que cela vous donnera moins envie de rigoler lorsque vous tendrez l’oreille et vous rendrez compte que ce type d’arguments « moi je connais quelqu’un qui » ressort à toutes les sauces, et montre que la plupart des personnes ne saisit absolument pas l’enjeu de ce type de discussions).

En bref : si la question est « existe-t-il? », alors un exemple particulier, tiré de votre vie , peut-être employé car il montre bien que parmi un ensemble x, il existe un x1 particulier ayant la propriété qui vous intéresse. En revanche, lorsque le questionnement est (de manière tacite souvent) « de quoi se constitue la majorité de ce groupe », l’argument « j’en connais un, ou même deux » ne fonctionne pas.

 

Apprenez à déceler la source unique à l’origine de nombreux problèmes :

Il y a quelques semaines, le Monde faisait un article sur une famille de gilets jaunes composée de 2 parents de 26 ans avec 4 enfants. Le père étant cariste et rémunéré environ 1490 euros nets par mois, la mère étant sans emploi afin de prendre soin des enfants. Avec leurs allocations, ils disposent de 2700 euros nets par mois pour vivre, et d’après l’article, cette famille est dans le rouge le 15 de chaque mois.
Cet article a déchaîné les passions de gauche et de droite, mais surtout, selon les « grands analyste de ce monde », a mis en exergue un « mépris de classe » de la part de certains commentateurs qui expliquaient qu’a la place de la famille, ils auraient bien mieux su gérer leur budget. Je ne vais pas polémiquer sur ce mépris de classe, car je dois avouer que pour moi c’est un peu comme le terme fascisme : on y fourre un peu tout car on sait que tout ce qui y est associé perd immédiatement les faveurs du grand public, mais au fond, il n’y a pas de définition suffisamment cartésienne pour que l’on puisse s’appuyer dessus.
Mais essayons de faire fonctionner un peu notre cerveau. Je précise qu’en dehors des informations que je vous ai donnés sur cette famille, je n’en sais guère plus, si ce n’est qu’apparemment, leur facture de téléphone portable est anormalement élevée (à l’heure où les forfaits « appels illimités » sont relativement bon marché) et qu’ils se « permettent » d’acheter des habits de marque à leurs enfants et d’aller au Macdonald (au cas où cela ne serait pas suffisamment clair, cette dernière phrase est dite sur un ton un peu sarcastique vis-à-vis des personnes qui condamnent deux parents essayant de faire plaisir à leurs enfants. Peut-être peut-on condamner la manière, mais l’intention qui se cache derrière reste, elle, louable). Donc disais-je, faisons fonctionner nos méninges :

-Ils ont 26 ans et 4 enfants (biologiques). Cela signifie que dans le meilleur des cas, si la maman est une maman de compète (1 année = 1 enfant), ils ont commencé à faire des enfants à 22 ans. En cherchant vite fait sur le net, je peux voir qu’en 2015 en France, l’âge moyen du premier enfant est 28.5 ans pour la mère, et en 1974, 24.5 ans. Outre l’évolution de notre mode de vie, un des critères expliquant cette augmentation de l’âge est l’éducation qui est plus importante aujourd’hui qu’en 1974.

-Ces deux parents savaient que la mère ne travaillerait pas et que le père ne roulerait pas sur l’or en étant cariste, mais ils ont fait 4 enfants. Soit cela a été fait « sciemment » (au sens : pas de moyen de contraception volontaire) soit inconsciemment (donc enfants « subis ») mais dans les deux cas, un manque d’éducation est souvent lié à cela (j’entends par là le fait que plus le niveau d’éducation est élevé, plus les parents font des enfants tard et en font peu. Il n’y a pas de jugement de valeurs).

-Compte tenu des dépenses réalisées par le couple, il y a effectivement un problème de gestion de l’argent (qui ne doit pas être facile : s’il vous faut vous serrez la ceinture ET renoncer à toute forme de distraction car cela coûte de l’argent, il est quasi certain que cela est exigeant en terme de gestion mais également de discipline de vie).

Il y a sans doute d’autres problèmes sur lesquels les « mépriseurs de classe » s’en sont donnés à cœur joie, mais j’en ai assez pour aborder le point dont il est ici question. On pourra blâmer autant que l’on souhaite ces deux parents, mais il est stupide de faire le compte de ces « mauvaises décisions » (je ne dis pas que les enfants sont des mauvaises décisions hein ^^) comme si c’était une accumulation de travers car en réalité, elles ont toutes une origine commune : le manque d’éducation.
Sans aucun doute, ces deux parents ne viennent pas de famille pleines aux as, ni avec un très haut niveau d’éducation. Ainsi, il n’ont sans doute eu d’éducation poussée ni chez eux, ni par le biais du système scolaire (j’ignore s’ils ont le bac, mais je doute qu’en ayant commencé à faire des enfants à 22 ans et en étant cariste et mère au foyer, ils aient un master ou un doctorat. Et je ne dis pas cela de façon sarcastique, juste pour signifier que probablement ils n’ont pas fait beaucoup d’études). Malheureusement, notre système scolaire obligatoire ne donne pas de cours sur comment gérer son budget par exemple. C’est con hein, car cela serait sans doute plus utile d’apprendre un peu à gérer l’argent plutôt que de savoir trouver la primitive de xcos(x)+sin(x) (et c’est une personne issue d’une filière maths/physique qui vous dit ça ^^).
Au final, c’est très certainement un manque d’éducation qui a joué un grand rôle dans les choix qui ont mené ces deux parents à avoir du mal à s’en sortir financièrement. Leur reprocher le fait d’avoir si « jeunes » 4 enfants, d’avoir une famille aussi nombreuse avec un parent sans salaire, de dépenser de l’argent dans des vêtements coûteux ou en fast food etc est stupide car au final, ces décisions ont une origine qui est la même. Ce serait comme s’offusquer trois fois après que quelqu’un ait vomis en lui disant que :

  1. Ca pue
  2. C’est dégueux
  3. Y en a partout

Au final, ce sont trois conséquences d’une cause commune.

 

En bref, apprenez à identifier la cause commune derrière une multitude de problèmes. C’est comme ça qu’avec quelques mesures simples, on pourra aider de nombreuses personnes Et souhaitons bon courage à cette famille et aux malheureux (se dédouaner en mettant une phrase bienveillante, CHECK!)

 

Avoir des sources fiables et pertinentes :

Dans la droite ligne du point sur « les contre-exemples foireux », lorsque vous défendez un point de vue, veillez à vous appuyer sur des études fiables, c’est-à-dire dont vous comprenez la démarche et le protocole et qui prouvent bel et bien ce que vous dites. En outre, n’oubliez pas de vérifier qui sont les commanditaires de l’étude en question. Si vous affirmez que le lait n’a jamais eu d’impact néfaste sur la santé et que le commanditaire est Nestlé ou Milka (qui a peut-être été racheté par Nestlé), il serait bon de vous interrogez un peu plus 😉

 

Eviter l’argument d’autorité ou ad personam :

L’argument « machin a dit que » est souvent tout pourri 😀 Par exemple, si je perds un débat, je pourrais toujours dire « je ne peux pas gagner ce débat car comme l’a dit Einstein, la différence entre la stupidité et le génie, c’est que le génie a ses limites, je n’ai donc aucune chance face à on adversaire », certes, ça sonne bien (et il a apparemment réellement dit cela) mais d’une part, ce n’est pas parce qu’une personnalité était performante dans un domaine (ici la physique) qu’elle l’est dans tous. Et de plus, même au sein de leur domaine, les gens peuvent commettre des erreurs. Donc les citer en avançant pour seule justification « ils ont dit que donc c’est vrai » reste pauvre  : mieux vaut favoriser un raisonnement que chacun peut suivre, en particulier votre interlocuteur (et surtout : VOUS-MÊME).

L’argument ad personam, ou l’attaque personnelle, est sans doute un des pires que vous puissiez utiliser. Si vous tombez contre quelqu’un ayant lu Schopenhauer (dont je vous conseille  La Dialectique éristique si vous voulez devenir un débatteur de folie), il saura que vous faites appel à votre dernier recours, donc que vous avez déjà perdu le débat 😛 En effet, attaquer votre interlocuteur sur sa personne ne rendra pas vos arguments plus valables.

Dans une synthèse des deux paragraphes précédents : rejeter un argument sous prétexte que la personne présente des opinions que vous condamnez est le chemin le plus sûr vers un raisonnement erroné. En effet, si vous discutez d’une stratégie efficace aux échecs avec Bobby Fischer (un des plus grands Maître d’échecs du monde) et que vous réfutez cette stratégie car « il est antisémite », vous risquez de tomber sur un os. On peut être mauvais dans certains domaines ou avoir une opinion « moralement condamnable » mais avoir des connaissances solides dans d’autres. Outre le risque d’erreur de votre part en ayant ce type de conduite, vous risquez de donne une parade au parti adverse. En effet, le FN se voit depuis des années « coupé la parole » car, vu que ce parti a souvent fait montre de propos « limites » dirons-nous, ses opposants ont souvent opposés aux raisonnements de ses portes-paroles l’arguments « vous êtes racistes, donc tout ce que vous dites est irrecevables ». Or, en appliquant cette stratégie, vous donnez un bouclier au dit parti qui, lorsqu’il est attaqué sur des faits tangibles, peut alors se targuer d’être « en permanence attaqué ».

Bref, lorsque des arguments sont mis en avant, réfutez ces arguments, pas la personne qui les évoque. C’est ainsi que votre raisonnement aura une dialectique et une logique toutes deux imparables.

 

Changer le prisme de sa perception :

Le gros ennui de nombreuses personnes est qu’elles oublient que nous voyons la réalité à travers notre propre prisme. Lorsque vous vous intéressez à une question, multipliez les sources d’informations, la lecture et l’écoute des points de vue. C’est sans doute de cette manière que vous en aurez la vision la plus « objective » : c’est en faisant le tour du cube qu’on en voit les 6 faces (#métaphoredemerde). Ainsi, vous aurez les meilleures armes pour défendre votre point de vue. Après tout, avec l’ère d’Internet, je pense que nous assistons à de grande divergences d’opinions entre les personnes adeptes des média classiques et ceux adeptes des média « dissidents », et la vérité se cache sans aucun doute dans l’entre deux.

 

Conclusion :

La politique c’est de la merde ! 😛 Oups!!!! Plus sérieusement, la conclusion que l’on pourrait apporter, c’est que le débat politique n’a souvent que peut d’intérêt, chaque personne se comportant comme un geyser d’info mais jamais comme une éponges de celles-ci. Mais pour les quelques personnes qui n’auraient pas des idées arrêtées sur ce qu’il convient de faire politiquement, rappelez-vous de cela : l’imbécile a trouvé, le sage cherche 😉

 

 

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