En 1966, Brehm proposa une théorie stipulant que le fait d’éliminer ou simplement de menacer la liberté d’action d’un individu provoque chez lui une motivation nommée la réactance psychologique. L’action de cette motivation est de pousser l’individu à rétablir cette liberté perdue virtuellement ou réellement. La première grande étude réalisée sur le sujet fut menée par Hammock et Brehm sur des enfants : on leur demanda d’ordonner, par préférence, neuf sucreries. Après les avoir autorisés à en choisir deux (celles jugées comme meilleures), il leur était demandé à nouveau de réordonner les barres par ordre de préférence, et la 3ème sucrerie (premier choix que l’enfant ne pouvait avoir) voyait sa côte augmenter.
Par la suite, des études ultérieures ont mis en évidence les conditions dans lesquelles émerge la réactance psychologique :
- la personne doit estimer que sa liberté, d’agir ou de penser sans aucune entrave, lui fera défaut dans un avenir proche
- cette restriction doit être injustifiée ou illégitime. Si cette suppression de liberté est justifiée, la réactance psychologique sera d’autant moins forte que la justification paraît légitime
- la force de réactance varie en fonction de l’importance du comportement qui est menacé. Plus l’importance de ce comportement est forte, plus la réactance est importante
- la réactance est également modulée en fonction du délai de privation. La réactance est moins forte si la privation de liberté ne doit durer qu’une minute, par rapport à une privation d’une heure
- l’étendue de la réactance dépend aussi du degré de recouvrement qu’il existe entre les comportements disponibles et le comportement censuré. Si le recouvrement est important, alors l’impact de la réactance est faible
Des recherches complémentaires ont indiqué que lorsque l’individu s’estime incompétent ou contrôlé par des événements extérieurs, il ne connaît alors pas de réactance lorsque sa liberté est limitée. En outre, des études ont mis au centre de leurs recherches les caractéristiques individuelles des personnes, en effet, certaines semblent présenter une réactance plus forte que d’autres. Ces études montrent que les individus très réactants ont tendance à être plus stressés, présentent des niveaux de dépression plus importants et se sentent moins heureux. L’équipe de Thomas et al. a présenté en 2001 une échelle de mesure du niveau de réactance individuelle. Voilà certains éléments de la liste :
- je trouve stimulant d’être en contradiction avec les autres
- quand quelque chose est interdit, je pense souvent que c’est exactement ce que j’aimerais faire
- le fait de penser que je dépend des autres m’accable
- je considère les conseils des autres comme une intrusion
- je me sens frustré quand je ne peux pas prendre mes décisions en dehors de toute contrainte
Mini mot de la fin :
J’imagine que je n’ai pas besoin d’illustrer le propos précédent par des exemples : cela doit parler à peu près à tout le monde. Si vous voulez un bon exemple de réactance psychologique, je vous conseille l’épisode 9 de la saison 8 de How I Met Your Mother dans lequel Robin nous fait un super craquage lorsqu’elle mange du homard malgré (à cause?) de son allergie. Si vous désirez creuser l’idée, cet article est extrait de l’ouvrage La Motivation, 3 ème édition, de Fabien Fenouillet.
Je vous dis à bientôt,
H