Dans cet article, je vais spoiler comme ce n’est pas permis, je vous en présente mes excuses par avance. C’est assez délicat car je vais utiliser des références de jeux vidéos, dessins animés, mangas et films dans cet article. Par conséquent, je risque de perdre ceux n’ayant pas vu le support auquel je fais référence et peut-être endormir ceux les ayant vus. Mais bon, j’espère que mon style hyper catchy saura maintenir votre attention et lui épargner de partir en dilettante 😉
Petite intro :
Le récit du héros a de multiples rôles, si vous voulez les connaître de manière exhaustive, je pense que wikipédia sera votre ami. Parmi ces rôles, il y a l’identification du lecteur/spectateur au héros (bien entendu mais dans un sens « positif ») : il peut et veut s’identifier à lui car il rencontre l’adversité, comme nous tous, mais sait faire montre de grandeur, de ténacité, d’héroïsme face à elle. L’une des bases narratives sur laquelle il est possible de partir est un monde sur le point d’être submergé par les forces du mal, forces qui bien entendu surpassent de loin celles du Bien (sinon, quel serait l’intérêt??? « Bonjour, voici Maurice, l’élu de notre histoire, il est à la tête d’une armée 100 fois plus importante que celle du méchant, et on a gardé l’idée des bad boys qui attendent leur tour pour taper sur le gentil quand ils se battent. »)

Donc pour résumer l’idée :
-on se trouve un gentil héros qui surgit dans un monde en proie à la ruine
-on lui expose la situation en mettant en évidence un minus espoir de réussite (Frodon et l’anneau dans le gouffre du Destin, Néo qui trouve la Source et sauve l’humanité et Zion, Oui-Oui qui parvient à comprendre comment fonctionne un cric et peut changer sa roue et conduire Potiron acheter une tarte)
-il mène son apprentissage/son tutoriel de héros
-il part, avec une chance sur un million de réussir, et au prix de grands sacrifices, parvient à vaincre des forces des ténèbres pourtant très puissantes et nombreuses
Gestion du gentil « faible » :
(Je suis en train de passer en boucle dans ma tête des exemples, et en constatant qu’ils seront tirés de Terminator, Pacific Rim, Avengers et autres films shakespeariens, je me demande si ça va donner du poids à mon propose ou le remplir d’air 😛 ).
Dans le Seigneur des anneaux : les coïncidences
Je pense que niveau faiblesse, le Seigneur des Anneaux est un excellent exemple. Au final, bien que les héros soit multiples dans ce conte, ce sont deux hobbits, Frodon et Sam, qui sauveront la journée (ah…ça sonne mieux en anglais « save the day ») en parvenant à détruire l’anneau juste à temps. Ces deux personnages symbolisent la faiblesse dans un sens à la fois physique et « intellectuel » : ils appartiennent à la race humanoïde la plus petite de la terre du milieu, ce sont de piètres guerriers (postulat de base de l’histoire qui sera démenti par les péripéties des quatre hobbits présents tout au long du récit). En outre, d’un point de vue « intellectuel/spirituel », les hobbits sont de « braves paysans » qui font la fête et fument de l’herbe à pipe. Des gens simples. Ils vivent dans des maisons aménagées à même les collines/la terre. Ils ne construisent rien de grandiose, ne semblent pas maîtriser la magie, n’ont aucun artisanat particulier et n’ont aucune conformation militaire d’aucune sorte (on rappellera tout de même qu’une des morales essentielles du Seigneurs des anneaux est que « même le plus petit des êtres peut changer le cours des choses » et que c’est justement la sobriété, l’humilité et la simplicité des hobbits qui font d’eux des êtres parfaitement capables de résister au pouvoir corrupteur de l’anneau). Ainsi, en dépit de leur courage et leur volonté, il faudra plus d’un deus ex machina pour aider nos petits amis, ou devrais-je dire, plus d’une heureuse coïncidence.
- Sam qui écoute aux fenêtres pendant que Gandalf et Frodon parlent de l’anneau (ce qui fournira un heureux compagnon de voyage à Frodon, compagnon qui lui sauvera les miches plus d’une fois)
- le bon Aragorn débarquant à Bret pour accueillir les hobbits alors qu’il n’a aucune idée du sort de Gandalf
- la rencontre fortuite de Frodon et Sam avec Merry et Pippin (ce qui les associera au voyage) qui joueront des rôles relativement primordiaux dans la suite
- l’arrivée soudaine du Balrog au moment où la communauté de l’année est cernée d’ennemis dans la Moria (je vous le concède, ce n’est pas une coïncidence : les gobelins ont du faire du bordel et ça a attiré le Balrog)
- la « mort » de Gandalf qui lui permettra d’être « up daté » par les Valars afin de pouvoir faire face à Saroumane (oui je crashe des références comme un malade : lisez le Silmarillon si vous n’avez pas compris 😉 )
- le désir de combattre D’Eowyn qui permettra à Pippin de ne pas être laissé sur la touche
- le regain d’héroïsme de Boromir pour sauver ses compagnons hobbits au dernier moment
- Merry et Pippin croisant Sylvebarbe (alors que cela faisait des années que les Ents étaient plus discrets que jamais) juste au moment où l’Isengard est dépeuplé et qu’il faudrait une force de frappe pour le démolir
- Les armées du Rohan et l’armée des morts d’Aragorn arrivant juste au bon moment pour sauver Minas Tirith et le Gondor (pour rappel, on parle d’un univers médiéval où le moyen de transport le plus rapide est le cheval. Les voyages prennent des jours, des semaines, des mois, donc disons que l’arrivée, à quelques heures près, « juste au bon moment » relève intrinsèquement de la coïncidence)
Bref vous avez compris l’idée. Une dernière pour la route : Gollum rattrapant Frodon et Sam juste au moment où ils arrivent à la montagne du Destin. Notre ami Frodon, finalement corrompu par le pouvoir de l’anneau, enfile ce-dernier et renonce donc à le détruire. C’est à ce moment que Gollum surgit est parvient à lui arracher l’anneau (et le doigt auquel il était accroché). Dansant de joie aux retrouvailles avec son Précieux, Gollum bascule dans le gouffre et détruit l’anneau.
Cette scène est bien entendu magnifique. Pour en arriver là, il aura fallu que nos deux hobbits fassent preuve d’une témérité divine. Mais même cette témérité ne suffira pas car le pouvoir du Mal sera tel qu’il parviendra à balayer l’incorruptibilité de Frodon. Au final, il faudra lui ajouter un ingrédient : la pitié, ou plutôt, la miséricorde des hobbits. La miséricorde de Bilbon, l’oncle de Frodon, qui épargna Gollum, et ainsi permis la destruction de l’anneau.
Néanmoins, toutes ces coïncidences sont souvent en un sens « logiques » : Gollum suit les Hobbits, donc c’est logique qu’il soit dans le coin au moment où Frodon pète un câble, Boromir a été élevé dans la mentalité de l’honneur, et protéger les plus faibles est honorable, le Rohan et Aragorn veulent sauver le Gondor, ils voyagent donc à la vitesse maximum pour arriver juste à temps tout en étant préparés au moment de cette arrivée. En clair, Tolkien est un bon auteur car les coïncidences qu’il emploie sont convenablement cachées : bien entendu, la plupart des événements qui requièrent une intervention quasi divine et un timing parfait sont des ressorts et coïncidences scénaristiques, mais qui s’expliquent : c’est en cela qu’on reconnaît une bonne oeuvre. Pour vous donner une idée, je vous conseille d’aller lire ce blog sur quelques gros block busters de ces dernières années : vous verrez ce qu’est une coïncidence mal écrite 😉 (j’ai mis le lien sur l’article d’Infinity War, mais la plupart des grosses productions ont-été traitées par l’auteur).
Dans Matrix : les limitations
Dans le monde « réel » de Matrix, donc hors de la Matrice, les humains sont en large infériorité numérique. Ils combattent des machines peuplant et maîtrisant le monde, machines comptant parmi leurs rangs de redoutables cohortes de tueuses. Que ce soit par le nombre ou le perfectionnement, les machines surpassent les humains. Cependant, le scénario donnera aux humains un moyen efficace de combattre les machines : l’EMP (je crois qu’ils appellent cela une onde électromagnétique projetée, mais cela signifie electromagnetic pulse). Il s’agit d’un appareil envoyant une onde qui détruit les circuits électroniques en fonctionnement.
Ce qui est intéressant, c’est qu’on passe d’un paradigme humains<<machines à un paradigme qui est virtuellement humains>>>>machines avec une arme pareille. Aussi, la limitation que les scénaristes trouveront est intrinsèque à l’EMP lui-même : il détruit les circuits, ennemis comme amis. Cela conduira d’ailleurs au sauvetage de Zion (la ville des humains hors de la Matrice) pendant quelques heures, les machines étant détruites par un EMP, mais cela conduira également à la destruction des derniers moyens de défense de la ville.
De la même manière : Néo est doté de pouvoir quasi divins lorsqu’il est dans la Matrice. Néanmoins, il souffrira certaines limitations : il ne contrôle pas l’espace (comme le Mérovingien nous le démontre avec le jeu des portes dans le deuxième opus) et ses amis constituent en eux-mêmes une limitation car ils peuvent mourir et n’ont pas les mêmes pouvoirs que lui.
Harry Potter, Star Wars, la Légende de Zelda : l’élu
Vous remarquerez que je n’ai pas placé Néo dans cette catégorie (pourtant son nom est directement inspiré de « the One » comme the choosen one, signifiant le choisi, l’élu). Mais pourquoi? Et bien dans l’histoire de Matrix, nous apprendront au fur et à mesure que le statut « élu » de Néo n’est pas divin ni réellement mystique : il est juste une stratégie de contrôle des humains mis en place par le programme Oracle. A ce titre, il est donc différent des élus que je vais exposer tout de suite.
Harry Potter (on dira HP pour aller plus vite) est l’élu de sa propre histoire : une professeur de divination ayant réalisé une prophétie le concernant avant sa naissance. Les prophéties étant « courantes » et ayant pour origine…..euh et bien, la même origine que la magie de l’univers de HP. Dit autrement : c’est inexplicable et donc non discutable. Si lorsque je crie « expelliarmus » une jet de lumière rouge sort de ma baguette (je viens de réaliser si on rajoutait un « r » après le « b » de baguette ce que ça donnerait ), et bien la magie se produit, par conséquent, si cela n’est pas remis en question, le fait que les événements prédits par une prophétie se produisent ne peut pas, lui non plus, être remis en question.
Au sein de Star wars, on est dans la même veine. la Force permet aux jedis et aux siths de voir l’avenir, d’avoir des réflexes de folie, de bouger des choses à distance etc. Aussi, une prophétie établie par la Force ne peut pas non plus être remise en question. Anakin Skywalker, l’élu de cette prophétie, accomplira donc son destin quoiqu’il arrive.
Enfin, Link, le héros de la légende de Zelda (oui, vous savez, le petit bonhomme habillé en vert qui justement est appelé Zelda alors que Zelda est la princesse qu’il s’évertue à sauver) est partie intégrante d’une prophétie établie par trois divinités. Dans ce cas, le mystique est moins mystique : si la magie de HP ou la Force de Star wars restent des mystères, dans l’univers de Zelda, on nous apporte un début d’explication en disant qu’il s’agit de divinités fondatrices du monde dans lequel se déroule l’action.
Créer ce type de scénario a un immense avantage : toutes les coïncidences, tous les deus ex machina et tous les « super pouvoirs » dont pourront jouir les héros seront légitimes et ne pourront pas être discutés, y compris par l’esprit critique du spectateur et ce pour une raison simple : dès le départ, on pose comme fait accepté l’idée que l’origine de tout cela est de toute façon magique/divine/mystique : la prophétie se réalisera quoiqu’il arrive. Cela pose une question importante : est-ce que le héros est encore un héros, si une force plus grande que lui a décidé qu’il devait gagner quoiqu’il arrive?
Et bien en un sens oui. Souvent, la prophétie intervient dans un monde où le Mal est en train de gagner. Les forces « supérieures » interviennent donc pour venir en aide à des personnages qui souffrent déjà et souffriront, même s’ils sont donnés gagnant dès le départ. Par exemple Harry, pour devenir l’élu (il est en « compétition » avec Neville Longdubas) devra payer de la vie de ses parents (et de bien d’autres) son statut d’élu. Au passage, Neville, qui décapitera le serpent de Voldemort, concourant grandement à la défaite de ce-dernier, paiera également son statut de semi-élu par la perte de ses parents, ceux-ci étant devenus fous suite à une agression.
Dans Star Wars, Anakin accomplira par deux fois sont rôle d’élu supposé apporter l’équilibre à la force (=équilibrer le nombre de jedis et de siths). Dans l’épisode trois, en trahissant les jedis, il réduira leur nombre à deux, créant ainsi un monde avec deux jedis et deux siths. Pour en arriver là, il aura fallu qu’il perde sa mère et « tue » sa femme. Lors de son deuxième « équilibrage », après la mort de Yoda, l’un des deux jedis encore en vie, il tuera l’empereur sith, mais cela lui coûtera sa propre vie.
Enfin, en ce qui concerne Link (je prendrai l’exemple du personnage dans son aventure « Ocarian of Time » car elle est de loin la plus connue), c’est particulier car il faut se rappeler que son histoire s’inscrit dans un univers de jeu vidéo, donc elle est peut-être légèrement plus sommaire que des histoires développées en 6 ou 7 opus. Ce personnage en soi n’a pas à sacrifier qui que ce soit vu qu’il est majoritairement seul car orphelin (dans la version NES, il voit son père mourir et récupère sur lui une épée). Ce personnage est l’archétype du héros solitaire : il n’a pas de famille et appartient à une tribut de lutins par laquelle il a été adopté (ça fait vraiment très con dit comme ça). Tout au long de sa quête, il sera essentiellement seul, ayant pour unique compagnon une fée miniature lui criant des « hey listen! » pour aider le joueur au cours du jeu. Un peu plus tard, nous serons accompagnés d’Epona, une jument qui constituera notre fière destrière, mais pas un grand compagnon de discussion. Link va dans l’ensemble réaliser sa quête seul, et à la fin de celle-ci, il ne pourra même pas entamer une belle romance avec la princesse Zelda qu’il aura sauvée, comme c’est généralement le cas dans ce type d’histoire.
Au final Link sera en situation perpétuelle de sacrifice de l’unique chose qu’il possède en ce bas monde : sa propre vie.
Mais qu’importe, que ce soit Harry Potter, Anakin, ou Link, tout trois recevront tout au long de leur épopée des aides providentielles. Ils jouiront de timing parfaits, de guides spirituels cocasses et surprenants (connard de hibou avec son éternel « voulez-vous que je répète les 30 minutes de monologue? »). Et cela se justifie par la définition même de l’élu : des forces suprêmes, que l’on ne peut questionner car elles sont intrinsèquement mystiques, ont décidé que ce héros serait celui qui vaincrait les forces du mal, un point c’est tout. Ainsi, il est plus facile pour l’auteur d’employer les procédés que nous avons vus juste avant, puisqu’il n’a pas vraiment à les justifier.
Gestion du gentil « trop fort » :
Dans cette partie, je suis désolé pour tous les non-amateurs de manga, mais le fait est que je vais allègrement extraire de ce type d’œuvres mes exemples.
Le très célèbres Naruto :
Au sein de ce manga, il y a deux personnages sur lesquels j’aimerais m’étendre un peu : Itachi et Orochimaru.
C’est amusant car tous deux ont une conception totalement opposée de l’existence, mais partant d’un constat commun : la vie n’a pas de sens. Itachi, très jeune enfant, se retrouve égaré durant une des grandes guerres ninja. Cela le conduit à un questionnement sans fin devant les horreurs de la guerre. A la fin de la cérémonie funéraire des combattants tombés, s’engage un dialogue entre Itachi et Orochimaru sur le but de la vie.
Orochimaru expliquera à Itachi que la vie n’a pas de but. La réaction d’Itachi à cette assertion sera assez violente car il tentera de se suicider en se jetant du haut d’une falaise. Mais, durant sa chute, il apercevra des oiseaux volant joyeusement et se rendra compte du côté positif de l’existence (qui a dit cliché?). A la suite de quoi, hanté par les horreurs de la guerre, et portant le fardeau du rôle de grand frère, Itachi n’aura de cesse de s’entraîner et travailler à améliorer sa condition de ninja afin de défendre son village et la paix.
De son côté, Orochimaru, adulte au moment de cette guerre, est horrifié quant au fait qu’une fois une vie prise, tout le potentiel de celle-ci s’envole. Conscient du caractère vain de la vie lorsqu’elle celle-ci s’arrête, il décidera dès lors de tout faire en son pouvoir pour atteindre l’immortalité. Cet objectif n’étant qu’une étape d’un but plus grand encore : comprendre le secret du monde.
Ainsi deux visions s’opposent : celle d’Orochimaru, prêt à sacrifier les siens pour vivre à jamais, et celle d’Itachi, prêt à tout sacrifier pour garantir la sécurité de ses proches et amis.
Itachi :
Si ce que je vous ai dit vous pousse à percevoir Itachi comme une personne altruiste, sachez néanmoins que lorsque le personnage nous est introduit dans l’histoire, il n’apparaît pas ainsi. Au contraire, on entend parler de lui par son jeune frère, Sasuke. On apprend ainsi que l’ensemble du clan auquel appartenaient Sasuke et Itachi a été décimé, et ce, de la main d’Itachi. Ce-dernier, après coup, a rejoint une organisation criminelle nommée Akatsuki.
Dans les débuts de ce manga, Itachi est donc un ennemi des héros. Chaque fois qu’il sera amené à se mesurer à eux, il ressortira de son style de combat une rapidité de décisions et d’exécution de ces-dernières redoutable. Une des raisons faisant de ce personnage un redoutable adversaire est le fait qu’il n’explique ni ses motivations (dixit le méchant qui avait tué de James Bond lui expose son plan) ni ne palabre en description de techniques qu’il emploie. Il agit, c’est tout. Il en ressort un personnage qui est en fait très rare dans ce type de littérature : un personnage qui va droit au but.
Au final, Itachi est un personnage excellent dans les 3 types de combats de cet univers, doué d’une vitesse incroyable, d’un sens de la stratégie bluffant et surtout, d’une compréhension de la nature humaine digne des plus grands sages (cela sera mis en lumière par les quelques dialogues au calme qu’il aura avec son acolyte au sein de l’Akatsuki ainsi qu’avec son jeune frère Sasuke). Or c’est là que le bas blesse : ce personnage est beaucoup trop fort. Ainsi, l’auteur devra par deux fois recourir à des « astuces » pour se débarrasser de ce personnage.
La première mort d’Itachi :
Pendant une partie importante du récit, Sasuke, le frère d’Itachi, cherche ce-dernier pour le tuer et ainsi venger son clan. Il le retrouvera finalement et s’engagera une lutte fratricide entre eux sous les yeux d’un personnage nommé Zetsu, dont Sasuke ressortira vivant et Itachi mort. Néanmoins, à l’issue de ce combat, nous apprendrons deux choses :
-Itachi était malade depuis des années et cette maladie aurait du le tuer avant le combat. C’est grâce à une forte médication qu’il avait tenu jusque là.
-Zetsu, un personnage quasi omniscient (et connaissant Itachi depuis longtemps donc capable d’estimer son niveau) révélera à l’issue du combat qu’il est étrange que tant d’attaques de son jeune frère l’ait atteint, car elles semblaient faciles à anticiper pour un combattant de son niveau.
Ainsi, le combat se termine car Itachi meurt de sa maladie, et non des attaques de Sasuke. En outre, la remarque de Zetsu est là pour éclairer le lecteur sur le fait qu’en réalité, Itachi combattait volontairement à un niveau plus faible pour faire en sorte que le combat dure. Et ce pour une raison qui concerne Orochimaru, mais j’y reviens dans la partie destinée à ce personnage.
La seconde mort d’Itachi :
Dans le merveilleux monde de ce manga, il existe une technique interdite permettant de ramener les morts à la vie. A un moment de l’intrigue, l’un des méchants fait appel à elle et provoque le retour de nombreux personnages tombés, dont Itachi. Ce-dernier est ramené en même temps que Pain, un personnage très fort, aux pouvoirs quasi divins, qui détruisit à lui tout seul le village de Naruto et nécessita l’intervention de ce-dernier ainsi que de l’ensemble des habitants du village pour être terrassé. Dès son retour, Itachi fait fort : il parvient à défaire le sortilège de résurrection qui le faisait obéir, puis, en 30 secondes – 1 minute, il parvient également à tuer Pain. (pour rappel, relisez 2-3 lignes plus haut ce qu’il avait fallu pour abattre le personnage :P).
Finalement, Itachi disparaîtra pour de bon après avoir abattu le lanceur du sort de résurrection, se faisant disparaître lui-même.

Orochimaru :
SI Itachi, devant les horreurs du monde, décide de vouer sa vie à aider son prochain, Orochimaru décidé quant à lui de vouer sa vie à découvrir la voie de l’immortalité pour atteindre un but plus grand : comprendre le monde. Dans le processus, il n’a aucune hésitation à sacrifier tout ce qui doit l’être, vie d’autrui comprise. Pour résoudre sa problématique d’immortalité, il développera une technique lui permettant de prendre possession du corps d’une autre personne. Ce procédé devant être réitéré tous les 3 ans pour que le corps garde toute sa « fraîcheur ».
Dans sa quête, il essaiera de maîtriser toutes les techniques ninja du monde, et à cette fin, voudra obtenir le corps d’un membre de la famille de Sasuke et Itachi, possesseurs d’yeux redoutables pour apprendre des techniques. A cette fin, il persuadera Sasuke de devenir son élève, lui faisant miroiter sa vengeance contre son grand frère Itachi.
Ayant déjà vu l’étendu du pouvoir d’Orochimaru, nous savons qu’il s’agit d’un combattant redoutable, mais l’auteur du récit va nous montrer que ce personnage n’est pas seulement immortel car il ne vieillit pas, il l’est aussi car il dispose d’une capacité remarquable: tout comme un serpent « il peut muer » et recréer une enveloppe corporelle très rapidement durant le combat. Cela le rendant virtuellement impossible à abattre par des moyens physiques.
Finalement, Orochimaru sera vaincu une première fois par Sasuke. Ce-dernier, sachant que son corps était convoité par Orochimaru, le provoquera en duel et parviendra à l’enfermer dans son monde intérieur grâce aux fameux yeux si désirés.
Et nous retombons sur nos pieds : durant le combat entre Sasuke et Itachi, l’objectif du grand frère était de faire durer le combat afin d’abaisser les défenses de Sasuke. Cela permis à Orochimaru de se libérer du monde intérieur de Sasuke. Mais cette libération n’était qu’un piège d’Itachi, lui permettant ainsi de vaincre définitivement le quasi-immortel ennemi de leur clan.

Mini conclusion :
Ces deux personnages, Itachi et Orochimaru, sont intéressants car ils partent tous deux d’un même postulat : la vie a des aspects horribles et n’as pas de sens. Cependant, chacun en fera une chose différente. L’un choisit de sacrifier tout ce qui doit l’être pour devenir immortel et percer les secrets du monde, se précipitant sur la voie de l’égoïsme, l’autre choisissant de se sacrifier lui-même afin de permettre au plus grand nombre de vivre une vie paisible. Cet état de faits débute essentiellement lors de leur rencontre où Orochimaru dira à Itachi que la vie n’a pas de sens. Et elle s’achèvera lors du combat entre les deux frères : Itachi scellera Orochimaru dans un monde parallèle, puis mourra quelques instants plus tard de la maladie qui le rongeait. Orochimaru « mourant » en combattant pour lui-même, Itachi en essayant de protéger son petit frère.
Ce qu’il faut retenir dans la thématique qu’est celle de cet article est qu’Orochimaru, outre toute ses connaissances et ses techniques, est un personnage trop fort car quasiment immortel. Ainsi, l’auteur a recours à un personnage encore plus fort que lui pour l’abattre : Itachi. Et ce-dernier étant encore plus fort, il parvient à déjouer ce problème en décrétant qu’il est condamné par une maladie (un peu sortie de nulle part). Pour finir sur ce point, il convient de noter deux choses : l’auteur fera intervenir le personnage de Zetsu pour bien préciser qu’Itachi n’a pas perdu face à son petit frère (en gros, le personnage est trop fort, et il ne faut pas se méprendre sur les raisons de sa mort) et lors de son retour grâce à la résurrection, l’auteur s’arrangera pour qu’Itachi ne soit jamais en situation de duel face au principal antagoniste de l’histoire (ce qui imposerait, en un sens, de décréter « ok, c’est celui-là le plus fort »). Ainsi, le mythe est maintenu, et l’auteur trouve un bon compromis entre un personnage un peu trop fort (qui pourrait régler l’intrigue rapidement) et la marge de manœuvre qu’il laisse à ses protagonistes principaux pour se débrouiller tout seul.
Bon assez parlé de mangas 😉
Gestion du méchant « trop faible » :
Pour cette dernières partie, nous allons nous intéresser à Avengers 3 : Infinity War. Ce film est tout particulièrement intéressant car les scénaristes ont fait le choix de mettre au centre de l’intrigue le méchant. Il semble donc en un sens logique que cette fois, les « coïncidences » censées aider le héros viennent cette fois à la rescousse du méchant.
Thanos contre 23 héros :
Bon, rien qu’avec ce nombre d’antagonistes, on peut se douter que de base, il va être difficile pour nos amis méchants de gagner la partie. (ah oui j’ai dit 23, c’est un ordre d’idée, je ne me souviens plus s’ils sont réellement 23 ^^ ça vous donne une fourchette, ce qui n’est pas de trop pour ce article-repas gigantesque que dont vous entamer la dernières partie, courage!).
Thanos, ou le Titan fou, est un être humanoïde d’environ 2m50, avec une force et une résistance impressionnantes (oserais-je dire…TITANESQUES? 😛 ). Dans les premières minutes du film, le ton est donné : Hulk attaque par surprise Thanos (Hulk…le mec qui dans Avengers 1 était la hantise de tous les autres avengers, et qui représentait le menace principale pour les ennemis), Thanos parvient à contrer l’attaque et démolit notre copain tout vert. Lors d’une interview, les réalisateurs révéleront que l’objectif de cette scène était de montrer qu’en duel, aucun des Avengers seul ne pourrait battre Thanos puisqu’Hulk, un des plus tenaces de la bande, avait-été battu en un contre un et à la régulière.
Outre ses capacités physiques, Thanos est aussi un être aux connaissances très variées et avec une très grande intelligence (et un sens du troll bien développé comme en témoigne sa « blague » à sa fille adoptive sur Nowhere à l’aide la gemme de réalité).
Objectif de l’anti-héros :
L’histoire d’Infinity War est relativement simple : nous suivons Thanos qui parcourt joyeusement l’univers pour récolter les 6 gemmes d’infinité (d’où le nom du film). Le but de cela étant de les réunir afin de réaliser son vœu : faire disparaître la moitié des êtres vivants de l’univers (les plantes ne comptent pas d’après ce qu’on voit à la fin du film).
Par conséquent, les scénaristes doivent se débrouiller pour qu’il parvienne à les obtenir, mais sans que ce soit trop facile et que l’anti héros et les héros soient sans arrêt sur la corde raide, il faut bien entendu que le scénario soit parsemé de petite astuces. Nous allons en voir quelques une.
Comment sauver les fesses de son super personnage principal :
Écartons d’abord les « hacks » liés aux pouvoirs trop forts des personnages (merci « how it should have ended » et l’odieux connard 😉 ) :
- Heimdall, lorsqu’il téléporte Hulk sur terre pour prévenir les Avengers, aurait pu tout aussi bien téléporter Thanos et ses sbires dans l’espace, tuant ces derniers grâce au vidé intersidéral (c’est possible : puisque l’un d’eux meurt justement dans l’espace de cette manière)
- Le Dr Strange ou Wong pourraient utiliser un portail pour couper Thanos en deux (Wong tranche une des mains d’un des enfants de Thanos comme ça)
- Sur Titan, ils pourraiten tous rentrer sur Terre par un portail du Dr Strangeet laisser une jolie bombe atomique pour Thanos ^^
Bref, vous avez saisi l’idée.
Maintenant nous allons passer en revue tout ce qui a pu être mis en place afin que Thanos « gagne » :
- Les héros sont trop fiers : au début du film, comprenant que Thanos arrive, Tony Stark décide de…NE PAS APPELER Captain America (il y avait un petit froid entre eux depuis Civil War). Donc le type sait qu’une sorte de demi dieu arrive sur terre dans le but d’annihiler la moitié de l’univers, mais il préfère botter en touche en se disant « non, motif pas assez important pour que je fasse appel au Captain »
- Les héros sont cons : Gamora ne supportant pas de voir souffrir sa soeur, elle dit à Thanos où trouver la pierre de l’âme….mais qu’est-ce qui l’empêche de lui mentir pour gagner du temps???? RIEN. Cette truffe lui dit la vérité direct!
Iron man quant à lui est pressé d’en finir avec Thanos…ok admettons. Est-ce néanmoins une raison de se dire « bon ben même si on peut faire demi tour, on va sur Titan là où il nous attend, et on se met sur la gueule! ». Mais est-ce qu’il a remarqué que la plupart du temps, lorsque ses affrontements se sont « bien » terminés, il avait un minimum de préparation (ses multiples armures dans Iron man 3, ou bien le Hulkbuster dans Avengers 2?). Enfin….je vais passer pour un rabat-joie…mais bon, quand les armées de Thanos attaque le Wakanda, qu’est-ce qui empêche ce-dernier de demander l’aide de TOUTES les armées du monde? Non mais c’est vrai que c’est classe de se faire un petit « versus » mais bon, quand le sort de la moitié de la terre est en danger, il faut peut-être mettre son ego de côté, non? Bon on passera aussi sur Starlord qui fait son caca nerveux pile au moment où son équipe allait récupérer le gantelet de l’infini (quand je vous disais qu’il faut que ce soit sur la corde raide).

- Les héros n’utilisent pas toutes leurs capacités ou sont « volontairement réduits ». Notre ami Vision, quasi Superman dans Avengers 2 et sentant la présence des êtres vivants….se fait « avoir par derrière » par un genre de gobelin qui le plante avec une lance….non mais la gueule du truc…(on ne dira pas qu’il a le pouvoir de se dématérialiser, ce qui le rendrait insensible à toute forme de capture ^^). A l’issue de ce coup à l’arme blanche, Scarlett Witch (alias Wanda) passera tout le film à défendre Vision. Les chorégraphie étant « tchiouuuu j’utilise mes pouvoirs au minimum pour repousser les méchants mais ne surtout pas les tuer. Je cours 2 mètres. tchiouuuu pouvoir pour repousser les méchants ». On ne dira pas non plus qu’elle a plus ou moins le pouvoir de disloquer ses ennemis comme elle le veut., car jamais elle ne le fera. Ce serait trop facile et ça annihilerait la menace en une demie seconde de combat. (Bon, plus tard dans le film, elle le fera avec un petit MILLIER d’ennemis, mais là, ce sera parce que c’est justifié par le scénario j’imagine ^^). L’exemple de Scarlett Witch est le plus criant car elle est sans doute une des plus puissantes Avengers (et même de tous les personnages du Marvel Universe), mais l’exmple de Wong est cool aussi : il décide de……….se barrer et abandonner le reste des avangers (même si son Maître, avec la pierre du temps, a été fait prisonnier) car garder un sanctuaire, c’est plus important que la terre qui voit sa population divisée par deux, ou encore Tony Stark qui se dit « mais pourquoi utiliser toutes mes armures et mettre toutes les forces disponibles dans la bataille??? Non non, moi je donne un costume à mon pote Spiderman et à Warmachine, le reste, ils peuvent bien aller se faire f…… ». Enfin bref….les héros ne poussent pas leurs possibilités au max, c’est le moins que l’on puisse dire.
- Thanos est « cheaté » (pour ceux qui ne connaissent pas, on dit cela d’un personnage de jeu vidéo trop fort). Dans la première phase du film, Thanos se fait tuer (certes dans une illusion) par sa fille adoptive Gamora qui lui plante une bête épée dans la gorge. Sa fille s’effondre en larmes (elle a tué son papounet) mais ne semble pas surprise que ce coup le tue (donc ça place à peu près la limite de la vulnérabilité de Thanos). Cela valide l’idée que Thanos peut mourir (dans certains comics, le personnage tombe dans un trou noir et survit, donc cela restait une interrogation avant de voir le film : quel pouvait-être son niveau de vulnérabilité). Donc disons les choses clairement : Thanos peut mourir d’un coup d’arme blanche. Dans la suite, il va se prendre des missiles dans la tronche qu’il arrêtera à mains nus (dans mon monde, si un couteau me perfore la jugulaire, je pense qu’a fortiori, l’explosion d’un missile aussi 😛 ), Starlord lui collera une bombe sur le haut du dos qui ne lui fera…rien du tout, il prendra différents directs du gauche et du droit de la part de Spiderman (qui a une force surhumaine), enfin, dans son affrontement avec Iron man, il prendra dans la tempe un coup de marteau envoyé par son opposant (en gros, une masse d’arme propulsée par un réacteur et venant lui heurter le côté de la tête) et cela ne lui causera qu’un léger saignement ^^
- Ce dernier point est le plus important. Thanos gagne car il a été prêt à TOUT sacrifier pour son objectif, contrairement aux Avengers. Iron man ne voulant pas prendre le risque de retarder l’affrontement le provoque sur Titan, sachant pourtant les Avengers divisés et étant loin de son QG. Scarlett Witch, amoureuse de Vision, accepte trop tard (et au pied du mur) de sacrifier son bien aimé Vision (pour détruire la pierre de l’esprit qu’il porte sur le front). La Veuve Noire et Captain America refusent de tuer deux des enfants de Thanos lorsqu’ils en avaient l’occasion (refusant de sacrifier leur « héroïsme »). Gamora, refuse de sacrifier sa sœur pour garder la pierre d’âme cachée. Enfin, Thor, refuse de sacrifier sa vengeance et emploie son marteau pour faire souffrir Thanos et lui balancer une jolie punchline plutôt que de le tuer directement.
A contrario, Thanos voit tous ses enfants mourir (sauf Nebula, mais elle il s’en fout :P) et en particulier, il tue lui-même Gamora, sa favorite, pour qui il pleure, afin d’obtenir la pierre d’âme. Il se bat directement, mettant bien entendu sa propre vie en péril (ça peut paraître débile, mais on parle bien du grand méchant de l’histoire hein : on voit rarement le « big vilain » s’exposer en première ligne), enfin…avec son souhait, il aurait pu restaurer Titan, sa planète d’origine, mais ne le fait pas, et annihile la moitié de l’univers. Grosso modo, il accomplit son objectif, mais perd tout pour cela.
Conclusion (ouf) :
Le grand enjeu d’une histoire est de parvenir à mettre en scène un ou des héros dont la mission est ardue. Ils parviendront à en venir à bout, mais en se mettant en danger et parfois en sacrifiant des biens, des proches ou leur propre vie. En soi, l’histoire constitue une parabole, une fable de l’existence : un grand objectif mérite et nécessite qu’on lui dévoue tout ce que l’on a. Il s’agit d’une leçon de vie : plus une cause est grande, plus on doit-être prêt à lui dédier beaucoup. Pour mettre en scène ce subtil équilibre entre la poursuite et la réussite d’un objectif quasi inatteignable, défendu par de puissantes forces, et la défaite des héros, les créateurs d’histoires disposent entre autres des coïncidences, de quelques pouvoirs « cheatés » (la partie Volonté de la triforce pour Link, le pouvoir d’élu de Néo, la chance et la malice de Jack Sparrow) qu’ils encadrent par des limitations. Ce récit peut prendre place dans le cadre d’une prophétie, donnant une forme de légitimité à l’utilisation de tous ces artifices narratifs masquant ainsi leur part un peu artificielle par moment. Au passage, au début d’Infinity War, Thanos fait un petit monologue en expliquant que l’on ne peut échapper au Destin et que ce-dernier s’incarne en lui-même (en gros, le mec déclare que tout ce qui arrivera en sa faveur sera normal : il est une sorte d’élu). Au vue de beaucoup de grosses productions cinématographiques sorties récemment, on constate que cet effort pour rendre coïncidences et aides aux héros « naturelles » sont de plus en plus négligées. En soi, il me semble que c’est à cela que l’on reconnaît un grand auteur : tout est bien « timé », les choses se télescopent comme il faut, mais on n’a pas l’impression que c’est fait exprès, juste que cela arrive comme il faut au bon moment. Un peu comme cette corniche de neige au-dessus de la montagne, que Mulan a l’idée, en temps que héros, de faire tomber pour vaincre les Huns.
Je vous dis à bientôt,
H