Bon….je vais parler du Seigneur des anneaux et un peu du hobbit, donc si vous n’avez pas vu ces films (idem pour les livres non lus que vous projetteriez de lire), passez votre chemin.
Mettons les choses au clair. J’ai adoré le Seigneur des anneaux, j’ai lu les livres, et j’ai regardé avec une telle passion (et peut-être trop fréquemment) ces films que je pense être pratiquement capable de vous faire l’ensemble de la trilogie en monologue. (ah! Les joies de la mémorisation de l’enfance). J’ai également lu le Hobbit et vu la trilogie qui lui est dédiée. J’ai bien aimé le hobbit et son côté fable, même si à ce moment déjà je n’étais pas très satisfait du côté « fan service » sur lequel reposait le film, jouant clairement sur la nostalgie du Seigneur des anneaux. Pour ce qui est des films deux et trois….je n’ai pas du tout aimé. Si on met de côté toutes les incohérences, l’absence d’un scénario nécessaire à des films aussi longs, je dois avouer que le fait de mettre Legolas dedans et l’elfe dont j’ai oublié le nom (vous savez, la paumée qui tombe amoureuse d’un nain) m’est resté en travers de la gorge. Le fait également d’avoir créé deux films là où un seul aurait suffit est symptomatique de ce qui m’énerve dans le cinéma des dernières années : faire de la merde, sans avoir de réelle histoire à raconter (star wars 7 et 8 allez vous faire enc…..), pourvu qu’on mette les bons ingrédients (univers du seigneur des anneaux, musiques épiques, un peu celtiques et médiévales, un peu de paysages de Nouvelle-Zélande ou d’Islande, un magicien et un elfe et c’est bon).
Bref, je ne suis largement pas assez bon en cinéma pour décrire toutes les choses qui font que le Hobbit 2 et 3 sont de MAUVAIS films. Néanmoins, dans cet article, je vais mettre en lumière un élément très important qu’a raté le Hobbit.
Fin de la longue introduction
Il y a une chose qui manque de plus en plus dans les films de cette dernière décennie : c’est la capacité à faire en sorte qu’on en aie quelque chose à foutre du sort des personnages. Un petit exemple, au hasard : star wars! (bon je vais spoiler du 1 au 8, donc pareil, si vous ne les avez pas vus, dégagez). Lorsque j’ai vu l’épisode 1 la première fois, j’étais très triste que Qui-Gon Jinn meurt. Lorsqu’Obi-Wan se fait terrasser par Dark Vador dans le 4, j’avais eu un petit pincement au coeur, mais déjà moins que Qui-Gon. Et dans le 8, quand Leia a failli crever, ben je m’en foutais (normal c’est un personnage féminin, on s’en fout, NOOON je rigole). Enfin, pour Finn et sa pseudo presque mort, ben pareil….je m’en foutais, mais juste un peu moins que Leia. Alors pourquoi? Oui, il y a du subjectif bien sûr. Mais il y a aussi des raisons qui font partie intégrante de la « science » de l’écriture et sur lesquels les scénaristes chient depuis déjà quelques temps.
Une chose essentielle : l’empathie que l’on a pour le personnage. Comment permet-on au spectateur d’en éprouver? Et bien il y a deux grandes choses que l’on peut faire : lui faire passer du temps avec le personnage et lui raconter ce qui motive ce personnage. Par exemple dans star 7 et 8, c’est raté! Rey et Finn, on passe beaucoup de temps avec eux, mais on n’a aucune idée de ce qui les motive. Si on suit la trame temporelle de ces films, Finn passe du statut de « je veux juste survivre et me barrer » à « je veux me sacrifier pour la résistance » en l’espace de quoi? 3 jours. Rey, elle est tellement paumée et inexistante en temps que personnage ayant une véritable essence qu’elle en vient à dire « J’ai besoin que quelqu’un me montre ma place dans tout ça ».
Qui-Gon Jinn on va le suivre pendant tout le film! Donc déjà, on s’attache au personnage (effectivement, je reconnais que selon la trame d’une histoire, il n’est pas toujours facile de donner assez de temps à personnage pour que ce phénomène se crée). Ensuite, on sait que Qui-Gon Jinn a certaines aspirations : protéger la République et la Paix, amener l’équilibre dans la force, ce qui passe par la formation du jeune Anakin fraîchement recueilli, et que son padawan, Obi-Wan, passe les épreuves pour devenir jedi. Donc le personnage a des objectifs, que sa mort l’empêchera de mener à bien lui-même. Donc on est un peu triste pour lui et pour le lien entre lui et son apprenti qui se rompt.
Pour Obi-Wan, non seulement le personnage meurt à la moitié de l’épisode 4 (donc pas assez de temps à l’écran pour qu’on s’y attache) et pareil : on n’ignore ses motivations. Certes, il veut que Luke se forme et il veut faire barrage à l’Empire, mais c’est dit trop rapidement pour que nous puissions réellement nous impliquer dans son but à lui, en temps que personnage.
Leia….si elle avait péri dans l’épisode 6, ça aurait été hyper triste, car nous avions beaucoup d’empathie pour ce personnage suivi depuis trois films, possédant un lien fort avec Luke (un peu trop fort même :D) et Han. Sauf que vu que dans le 7 elle joue juste son rôle de « traditionnelle chez du camp des gentils » dans un ersatz d’elle-même destiné au fan service…..ben en fait on s’en fout. Elle n’est plus une « personne » à laquelle on était attaché. Elle est une entité jouant un personnage, le costume qui l’entoure, mais pas lui. Et on s’attache aux personnes, pas aux costumes. Ses buts…..ben difficiles à dire, car ils sont resté les mêmes que dans la trilogie 4, 5, 6.
Finn enfin….alors oui, on passe du temps avec lui. Mais vu qu’on ne connaît pas ce qui le motive intrinsèquement, et bien il y a le même effet que pour Leia : il n’est qu’un costume que l’on met sur un personnage. Il joue son « rôle », c’est tout. Et s’attacher à un rôle, ce n’est pas facile. Pour ses buts….ben je ne sais pas. Veut-il se venger du premier Ordre qui l’a arraché à ses parents? Veut-il le bien commun? Veut-il ken Rey? On ne sait pas, et c’est normal : Star wars 7 et 8 sont mal écrits 🙂
Enfin….il y a la manière dont on amène la fin des personnages. La fin de Qui-Gon Jinn est géniale : on se noie dans le suspens, le climax du duel est amené avec brio, et au moment où le jedi tombe, on a le hurlement de l’apprenti (qui est censé faire écho à celui du spectateur), une musique hyper triste, l’ensemble faisant miroir aux situations tragiques des autres groupes de « gentils » qui évoluent chacun dans leur mission (Anakin tentant de détruire le vaisseau de la fédération du commerce, Jar Jar se battant contre l’armée droïdes, Padmé cherchant à capturer le chef adverse).
Pour la mort d’Obi-Wan, d’une part ce-dernier nous dit que ce n’est pas une « vraie » mort, d’autre part….la mise en scène est beaucoup plus « minimaliste ». Bon Leia….sans mentir, si le personnage était mort on aurait crié au scandale parce que justement, c’est vraiment fait en mode « on s’en fout ». Pour Finn en revanche,c ‘était assez bien réussi : on pouvait y croire. Ralentissement de l’action, gros plan sur le visage du personnage résigné et acceptant le sacrifice nécessaire. Le problème c’est que…ben on s’en foutait 😀
Bref. Tout cela nous ramène à un problème important : la capacité à faire en sorte que le spectateur se sente concerné par le destin des personnages dont il suit l’aventure. Et le Seigneur des Anneaux le fait très bien et je vais essayer de montrer comment, et c’est à côté de ça qu’est passé le hobbit.
Les scènes inutiles du Seigneur des Anneaux….et pourtant
Les trois films de la trilogie sont chacun relativement longs (3 heures environ). Il existe également une version longue. Sauf que cette longueur est nécessaire et bien utilisée : on prend son temps, pas seulement pour nous raconter cette grand histoire, ais également les histoires des personnages. Et cela, on le fait grâce à des apartés qui, en soi, pourraient être absentes des films sans que nous perdions en éléments de l’histoire ou en compréhension. Mais voilà, ces moments NOUS FONT NOUS SENTIR PROCHES DES PERSONNAGES, ou du moins, nous permettent de les comprendre. Je vais illustrer cela en citant certains de ces moments.
Boromir et sa tragique histoire :
Dans la Communauté de l’anneau, à l’issue de la mort de Gandalf, le groupe fait son deuil dans la forêt de Galadriel. Durant la complainte, s’engage un dialogue entre Aragorn et Boromir. Ce-dernier nous a été présenté depuis le début comme une sorte d’hystérique agressif obsédé par son royaume, le Gondor, et prêt à tout, même à se servir de l’anneau, pour le défendre.
Dans cette scène, on voit un Boromir plus humble, moins sûr de lui. Et surtout, il se livre : on comprend pourquoi il veut défendre à tout prix le Gondor et on comprend que ce personnage est hanté par le doute. Ce passage n’apportera rien de plus à la narration globale de l’histoire. Néanmoins, il permet de comprendre pourquoi Boromir essaiera de prendre de force l’anneau à Frodon. En outre, en nous montrant sa vulnérabilité, on se sent plus proche de lui, ce qui rend sa mort beaucoup plus importante que si nous n’avions rien su de ses questionnements intérieurs.
Théoden, un souverain dans le doute
Juste avant la bataille du gouffre de Helm, est-ce que vous vous rappelez de ce fabuleux passage où Gamelin, le second/garde du corps du roi, l’aide à enfiler son armure? Cette scène représente le summum de l’inutile narratif : rien de ce qui est dit dedans n’apporte d’élément au récit. Néanmoins, grâce à cette scène, nous savons quels sont les doutes qui habitent Théoden, mais également que son peuple a foi en lui, et donc, nous savons ce qui pèse sur les épaules de ce personnage.
Cette scène représente à la perfection ce qui fait la beauté du Seigneur des anneaux : il y a des moments creux, où l’on s’attarde sur les héros, avec une musique bien sympathique et tellement dans le ton de la fantaisie/la fable/le récit épique. On reconnaît la patte de Tolkien qui ornait ses récits de poèmes. Grâce à ce moment, nous savons un peu mieux quelle vision a Théoden, et lorsque la mort s’abat sur lui, nous sommes vraiment attristé car nous éprouvons une réelle empathie pour le personnage.
Pippin et Gandalf, les défenseurs de la citadelle :
Lors de la défense de Minas Tirith, lorsque la porte principale est tombée et que l’armée du Gondor est retranchée sur les niveaux supérieurs, Pippin fait part à Gandalf de ses doutes et sa peur devant la mort imminente. Outre la musique une fois de plus très adaptée, nous nous sentons plus proche des personnages, et à cela s’ajoute un peu de « background » (les Valars tout ça) qui concoure au mythe de cet univers.
Le spectateur est une fois de plus invité à se sentir très concerné par ce qui pourrait leur arriver, car Pippin nous fait part de sa peur, une peur tout à fait justifiée : celle de mourir.
Arwen et Aragorn :
Il y a un élément très intéressant : c’est que l’amour entre Arwen et Aragorn ne changera rien au déroulement de l’histoire. Aragorn fera ce qu’il doit faire en temps qu’héritier du Gondor, et ne se détournera pas de sa route. Au final, c’est une « bonne surprise » qu’Arwen vienne à son couronnement.
Néanmoins, leur histoire a un temps dans les films qui est conséquent. L’introduction d’Arwen, lorsque Frodon se fait poignarder par les Nazguls, est particulièrement réussie et annonce la couleur : des musiques douces, évoquant le monde elfique, avec un côté pratiquement divin. Lorsque l’on voit la première entrevue d’Arwen et Aragorn à Rivendell/Fondcomb (conseil d’Elrond tout ça) on apprend, en 2-3 minutes, la motivation de ces personnages mais surtout leurs doutes.
Aragorn porte l’héritage d’une lignée puissante mais qui a failli à sa mission en ne détruisant pas l’anneau. De plus, il est amoureux d’Arwen, mais cet amour est impossible du fait de leur race respective.
Arwen, elle aussi amoureuse d’Aragorn, sait que son rang et sa nature d’elfe la « sépare » de cet homme mortel au destin si tortueux.
Cette scène nous permet de connaître le vœu de ces deux personnages, qui semblent hors du monde. En toute honnêteté, je pense que nous sommes tous tombés amoureux de Liv Tyler et Viggo Mortensen en voyant cette scène 😛 Personnellement, j’ai considéré cette actrice comme une des plus belles pendant les 7-8 ans qui ont suivi la découverte du Seigneur des anneaux (et encore maintenant :P).
Cette scène nous en apprend un peu plus sur la mythologie de cet univers, sur les motivations et les doutes de ces personnages, la musique est juste fantastique (Enya Aniron <3) et la lente diction en elfique sublime le tout. Ce genre de scènes est ce qui a été réussi dans cette trilogie et échoué dans celle du Hobbit.
Aller, en bonus, les deux autres scènes trop cools :
Le mot de la fin :
Les instants « lyriques », poétiques, mythologiques du Seigneur des anneaux ont concouru à la grandeur de l’oeuvre cinématographique. On se sent porter par l’histoire mais également par les personnages. Il est déchirant de voir Boromir abattu au moment où il se rachète en se sacrifiant pour défendre deux être insignifiants (à ce qu’il nous semblait AU DEBUT pour le personnage) Pippin et Merry, mais dont il reconnaît l’importance par son acte. Quoi de plus beau qu’un personnage qui part en se rachetant en action, par sa mort, et en paroles, en prêtant allégeance symboliquement à Aragorn en l’appelant son roi?
Il en est de même pour Théoden. Après avoir perdu son fils, après avoir failli perdre son peuple, il parvient à résister à Saroumane, et meurt sur le champ de bataille où il portait assistance au Gondor qui lui-même lui avait refusé son aide, pardonnant à celui-ci son manque d’altruisme. Le roi du Rohan meurt en obtenant sa rédemption, afin de « rejoindre ses ancêtres et en leur illustre compagnie, ne plus avoir honte désormais », mort d’autant plus tragique qu’elle sépare Eowyn de son père de substitution.
Enfin, devant la beauté et la pureté mais aussi le côté impossible de l’amour d’Arwen et Aragorn, nous sommes d’autant plus impliqué dans le destin de ces deux personnages.
Bref, il y aurait encore beaucoup de moments à passer en revue (les interludes entre Sylverbarbe, Merry et Pippin, la chanson de Pippin pour l’intendant lorsque Faramir charge les armées du Mordor, les répliques entre Frodon et Sam sur leur caillou entourés de lave). J’espère en tout cas que cet article vous aura plongés dans la même nostalgie bénéfique que moi. Je vous dis à bientôt,
H
Bravo pour cet article, j’ai adoré le choix des scènes! Particulièrement celle dans Lothlorien… J’ai chanté cette musique pour les ciné-concerts en France et c’était juste incroyable – elle me touche encore plus depuis que je la connais mieux! 🙂
Par contre je suis clairement moins fan de l’histoire d’amour entre Aragorn et Arwen. J’ai toujours trouvé ridicule l’intervention d’Arwen dans la guérison de Frodon, et surtout et la poursuite avec les Servants de l’Anneau. Ça m’a toujours donné l’impression que les réalisateurs ont essayé de donner un rôle un peu plus important à une femme pour pas se faire taxer de sexisme… Mais c’est pour moi une scène extrêmement artificielle!
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Bon ok j’avoue le reste des scènes fait carrément croire à l’histoire d’amour… C’est vrai qu’ils sont géniaux ces films! 😛
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Merci pour ton commentaire. Je dois avouer que tuas raison sur le côté artificiel de la venue d’Arwen, ça sonne un peu « too much » ^^
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Ha, ça me rassure, j’ai cru avoir finalement rencontré quelqu’un qui avait trouvé cette scène tout à fait à sa place 😛
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