La créativité dans la recherche moderne

Introduction :

Récemment, je me suis attelé à la lecture d’un ouvrage écrit par le médecin/neuropsychologue Edward de Bono. Cet ouvrage s’intitule La boîte à outils de la créativité, il y traite de la créativité de manière générale et non pas dans le sens artistique du terme. Ce livre donne la définition générale de cette notion, en explique le fonctionnement cognitif et présente les techniques qui permettent de la stimuler, cmme par exemple la pensée latérale. Je ne vais pas résumer l’ouvrage ici car cela prendrait trop de temps, mais je vais faire une mise en relation entre une des idées du livre et la créativité/innovation dans la recherche scientifique.

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L’idée :

D’après Edward de Bono, notre cerveau n’est naturellement pas conçu pour la créativité. Au contraire, il excelle à emprunter des chemins de pensées, des schémas qu’il connaît déjà. Ainsi, plutôt que de considérer une situation, des données ou des informations sous un angle nouveau et naïf, notre cerveau essaiera de retrouver un schéma similaire à la situation à laquelle il est confrontée. Pour illustrer cela, on peut par exemple mettre en avant la manière dont nous lisons. Lorsque nous apprenons à lire, notre cerveau connaît mal les mots, et nous sommes lents. Mais avec de la pratique, nous gagnons en célérité. Mais au final, nous ne lisons pas réellement, ou plutôt, nous ne déchiffrons plus les mots : nous les reconnaissons et notre cerveau leur associe directement un sens et passe à la suite de la phrase. Ce processus est perceptible partout : c’est par lui que nous associons à la partie avant d’une voiture un visage, les phares constituant ses yeux et son pare-choc sa bouche. Voilà donc l’idée ici développée : notre cerveau cherche sans cesse à associer à une situation nouvelle des schémas qu’il connaît déjà.

 

La méthode scientifique dans la recherche moderne :

Pendant plusieurs siècles, avant l’imprimerie, avant le télégraphe, le téléphone, Internet, les scientifiques, ou plutôt, les individus tentant de comprendre leur monde étaient confrontés à un problème de taille : la difficulté à communiquer les uns avec les autres et à partager leurs idées.

Cependant, il y avait « plus de choses à découvrir » qu’aujourd’hui. Par conséquent, dans de nombreux domaines, ces chercheurs devaient faire appel à leur imagination pour comprendre notre monde. Ils ne pouvaient pas se reposer sur une explication présente sur le Web, ou chercher s’il existait déjà une méthode pour faire telle ou telle chose.

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Cependant, au jour d’aujourd’hui, les scientifiques ont accès à tous les livres, tous les articles scientifiques du monde, ou presque. A présent, il est bien entendu inconcevable de publier des travaux de recherche sont en avoir dûment étayé l’argumentation et justifier l’aspect novateur par une présentation de tous les travaux scientifiques en rapport avec ces recherches. Formulé autrement : un scientifique est tenu d’être informé au maximum de tout ce qui se fait et s’est fait dans son domaine. Cela semble effectivement logique d’avoir une certaine érudition dans son domaine avant de se lancer dans de folles expériences pour faire avancer la science. Ainsi, le personnel de recherche devra avoir une connaissance aussi exhaustive que possible de son domaine grâce à la bibliographie de son sujet.

Les limites de l’érudition :

Il apparaît cependant un problème de taille : en consultant tout ce qui a été fait, nous allons en réalité former notre cerveau à certains schémas. Si bien que lorsque viendra le moment de faire preuve de créativité pour des expériences, pour expliquer des résultats, créer une théorie, notre cerveau aura tendance à revenir à tous ces schémas que nous lui avons fournis, et il lui sera plus difficile de prendre du recul et d’avoir un regard frais et innocent sur le sujet.

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Ainsi, plus nous éduquons notre cerveau, plus nous risquons de limiter sa capacité à faire preuve de nouveauté. Cependant, en sciences, comme dans de nombreux domaines, cette démarche est nécessaire car si l’on ne s’appuie pas sur ce qui existe déjà, on risque de se condamner à réinventer éternellement la roue.

La relativité d’Einstein : un exemple de créativité

Einstein est connu entre autres pour la contribution majeure qu’il a apportée dans le domaine de la physique. Réputé pour son génie, il est cependant souvent méconnu du grand public que la base des réflexions qu’il eues et qui fondèrent son raisonnement sont en réalité relativement simples. Parmi ces réflexions, il y avait par exemple la question selon laquelle, si on voyage à la vitesse de la lumière en se regardant dans un miroir, peut-on tout de même se voir dans ce miroir? En effet, les photons allant de notre visage au miroir, se reflétant dans ce-dernier, et revenant à nos yeux, auraient-ils la capacité de réaliser ce trajet si nous nous déplaçons à la même vitesse qu’eux? Ce sont des questionnements tels que ce-dernier qui permirent à Einstein de révolutionné beaucoup de théories physiques de l’époque. On lui attribue cette fameuse phrase : Phantasie ist wichtiger als wissen, denn Wissen ist begrenzt : l’imagination est plus importante que le savoir.

En effet, les réflexions de base d’Einstein nécessitent peu de connaissance en physique, cependant, c’est cette vision naïve et le fait d’avoir mis de côté les grandes théories de l’époque qui lui ont permis de faire tant avancer le domaine de la physique. L’exemple que l’on pourrait mettre en avant concernant sa capacité à faire abstraction des postulats de son époque est la révolution qu’il apporta concernant le contenu de l’espace.

Au début du 20ème siècle, la mécanique newtonienne était la seule existante. A ce moment, les physiciens avait réussi à déterminer la vitesse de la lumière, or une vitesse se définissant par rapport à un référentiel (par exemple, un avion vole à 1000 km/h par rapport au sol de la Terre), les physiciens avaient fait le postulat d’une entité, l’éther, qui emplissait l’espace, et par rapport auquel la lumière avait la vitesse qu’on lui connaît. Or, par ses réflexions et différentes expériences de l’esprit, Einstein montra que l’éther n’existe pas. Mais pour parvenir à cette conclusion, il a fallu qu’Einstein sorte du paradigme physique de l’époque, ce qui n’était sans doute pas mince affaire.

Cet exemple reflète à la perfection l’idée selon laquelle il faut parfois s’affranchir de ce que notre esprit connaît et vers lequel il tend instinctivement afin de pouvoir faire un pas en avant dans un domaine.

Le compromis :

En plus des lectures concernant un domaine de recherches, il est conseillé d’abreuver notre esprit de lectures périphériques. Ainsi, notre cerveau peut parfois réaliser des parallèles inattendus qui s’avéreront être créatifs. De plus, il semble que certaines techniques permettent de biaiser la manie de notre cerveau à tendance revenir à ses schémas connus. C’est en tout cas ce que développe Edward de Bono dans son livre.

Conclusion :

Il est nécessaire de bâtir une expertise scientifique nécessaire dans un domaine de recherche pour y apporter une contribution notable et pertinente, cependant, il faut parvenir à se détacher suffisamment de ces schémas afin d’être créatif et innovant dans une approche expérimentale ou explicative lorsque l’approche « classique » montre ses limites. En effet, plus que de l’amélioration de ce qui existe déjà, c’est réellement la création qui permet à la science d’avancer de manière significative, et la technologie ainsi que l’industrie avec elle.

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